Tout savoir sur le curling…

…sans jamais oser le demander.

La pratique

Ceux qui ont eu le privilège d’assister à un tournoi de curling se rappellent peut-être de l’effervescence du lieu, de l’ambiance bruyante et des cris qui fusent de partout. Et ce n’est pas pour se réchauffer, les curleurs finissent souvent en tee-shirt sur la glace, c’est tout simplement qu’il faut se faire entendre au milieu de cette masse besogneuse, afin que les balayeurs réagissent aux injonctions du skip. Et ce, même aux entraînements…

L’équipe

Une équipe est composée de 4 joueurs :
– le premier, ou «lead»  joue les 2 premières pierres et doit maîtriser le «draw» pour rester si possible devant la maison. Le reste du temps, il balaie, balaie, balaie…
– le deuxième joue les pierres 3 et 4 et déjà peut être confronté à des situations exigeant des draw complexes ou de chasser des pierres. Comme le lead, il balai les pierres de ses 3 équipiers.
– le troisième ou «trouble shooter» joue les pierres 5 et 6. Il est nommé ainsi pour sa capacité à résoudre les problèmes. Dans la pratique, il passe son temps à tirer… Marc, un skip à la manoeuvreà balayer, et remplace le skip quand son tour est venu de lancer ses pierres.
– le quatrième, le capitaine, ou «skip», qui est le seul nom qu’on retient dans une équipe, lance les 2 dernières pierres. Outre qu’il maîtrise tous les coups, il est le stratège et adapte en permanence le jeu en fonction des aléas. Il indique au joueur l’endroit à viser en plaçant son balai et en indiquant avec le bras le curl à appliquer à la pierre. Il ne balaie en principe que les pierres adverses dès qu’elles franchissent la tee-line afin de tenter de provoquer leur sortie de maison.

Le slide

Avec le balayage, c’est le geste que l’on retient le plus. Il est physiquement complexe et requiert souplesse et équilibre en songeant qu’en même temps, il faut avoir le skip à l’oeil, et imprimer à la pierre le curl demandé. Cela fait parfois beaucoup.

le slide quasi parfait de BernardLa poussée détermine la vitesse de la pierre, donc sa «longueur». Seul le pied avant, qui supporte tout le poids du corps, glisse, grâce à une chaussure équipé d’une semelle spéciale. Le début de la poussée est une recherche d’équilibre, en étant le plus bas possible, en direction du balai du skip. Le reste est une affaire de ressenti : il faut simplement lâcher la pierre avant la première hog-line, sans pousser davantage du bras, sans donner de coup de poignet.

Le balayage

Après la hog-line, impossible de toucher la pierre. Mais il sera possible d’interagir sur sa destination finale sauf si d’emblée, elle va trop vite. Dans ce cas, elle va traverser la maison, et il n’y a rien à faire d’autre que d’espérer que l’adversaire fasse de même.
Pendant qu’un joueur est calé dans le hack, la main sur la pierre, à déchiffrer les consignes du skip 35 mètres plus loin, les 2 équipiers sont prêts à suivre et à balayer à l’avant du projectile, toujours en fonction des ordres du skip.exemple de balayage vigoureux par Gérard
Le balayage vise essentiellement à déformer la glace en la frottant énergiquement par des gestes répétitifs et perpendiculaires à la course de la pierre. L’échauffement produit ralentit sa décélération naturelle due aux frottements entre la glace et le granit. Le balayage sert aussi à nettoyer les très minuscules débris pouvant s’y trouver, d’effacer aspérités ou scories, et la pierre peut ainsi être amenée là ou le skip l’a demandé. Tactiquement, le balayage permet d’allonger une pierre jusqu’à ce qu’elle s’arrête au bon endroit, de renforcer une trajectoire, notamment lors des «take out». Il est possible de «tirer» une pierre de trois à quatre mètres pour les meilleurs balayeurs. Mais une pierre mal lancée ne pourra jamais être rectifiée au balayage…

 

La tactique

Comme chaque équipe joue à tour de rôle sans tenir compte de la situation dans la maison, l’aspect stratégie et tactique du jeu est déterminant. Sans parler des forces et faiblesses des équipes en prise, il est évident que les pièces, comme aux échecs, ne sont pas posées au hasard, qu’il va falloir les protéger et défendre ses positions.
Selon que l’on a le «le marteau» (le fait de jouer la dernière pierre), qu’on joue les premiers ou derniers ends, le jeu sera radicalement différent. Marquer un seul point dans un end n’est pas forcement un bonne opération, surtout en fin de partie, dans le «money-time», parce qu’en scorant, l’équipe perd l’avantage considérable qu’est le marteau. avec la dernière pierre... Avec la dernière pierre, le skip tentera de faire marquer au moins 2 points en plaçant des pierres sur les côtés de la maison et en veillant de conserver l’accès au milieu (pour la dernière pierre) en enlevant les pierres adverses.
Sans la dernière pierre, il faudra absolument fermer le milieu en plaçant des gardes devant la maison et tenter de «voler le point», c’est à dire marquer sans avoir le dernier lancer.
Il existe une abondante littérature sur cette belle théorie qui, il faut bien l’avouer, n’est pas souvent réalisée telle quelle sur la glace. Il en résulte une infinité des situations qui font justement le sel de ce sport.

L’esprit du jeu

Le curling est un sport quasiment sans arbitre régit par des traditions ancestrales toujours bien vivaces qui, dans la période actuelle, pourraient faire sourire. Et pourtant, les curleurs jouent et gagnent sans humilier, sans se prévaloir d’avantages indus, sans enfreindre délibérément les règles, sans tenter de distraire ou d’influencer l’adversaire, préférant la défaite à une victoire déloyale. Comme finalement dans tous les sports. Sauf qu’au curling, c’est une réalité.
Ce qui frappe, lors des déplacements dans d’autres patinoires, lors des tournois et compétitions, c’est cette convivialité spontanée entre des personnes d’horizons et d’origines sociales diverses. Si l’usage est que les vainqueurs offrent un verre (et souvent plus) à l’équipe perdante, l’esprit «3ème mi-temps» est présent en permanence, et pas seulement lors de la 3ème mi-temps…

Et si la physique du curling vous intéresse, ne ratez pas ça…