Les lumières à peine éteintes, nous autres curleurs se préparons à replonger pendant 4 ans dans la nuit noire. Nous avons cependant été agréablement surpris de l’engouement autour de notre sport, en témoigne les spectateurs accoudés aux balustrades de la patinoire Baraban pendant nos entraînements et leurs questions sur l’aspect tactique de la discipline.
Pour y répondre, nous proposerons à l’avenir des analyses et décryptages de rencontres. Et pour commencer, petit retour sur cette finale olympique hommes de curling, et notamment sur ce 3ème end qui a scellé la rencontre et sacré les canadiens de manière assez logique face aux britanniques.
Situation au début du 3ème end
Les canadiens (pierres rouges) ont entamé la partie avec le marteau (le fait d’avoir le dernier lancer du end) et marquent 2 points faciles. Les britanniques (pierres jaunes) ne marquent ensuite qu’1, manquant le second point en raison d’un draw trop long lors de l’écossais Murdoch. A ce niveau, ce genre d’erreur de paye cash : le Canada mène 2-1, récupère le marteau et doit donc en profiter.
Le end détaillé
Placer la souris sur le numéro de la pierre pour avoir l’analyse du coup.
La partie a commencé sans round d’observation. Les britanniques doivent absolument fermer le milieu. Il faut poser les premières pierres devant la maison.
Ryan Harnden va placer sa pierre au centre de la maison en contournant la pierre jaune pour se cacher derrière. Classique.
Dans une telle configuration, le jeu est de se placer en appui devant la pierre rouge. Ainsi, on occupe le centre en se prémunissant d’un autre appui, ou d’un tir qui chasserait d’abord la pierre rouge. Mais la pierre jaune ricoche à gauche et se place un peu en retrait… Les britanniques ne le savent pas encore, mais ce coup va leur être fatal.
Les canadiens sont conscient de leur avantage. Ils protègent immédiatement leur position en se plaçant dans l’avant de la maison.
Il faut retirer au moins un pierre rouge de la maison, ou, au pire, prendre leur place. C’est fait.
Les 2 pierres rouges sont proches, visibles, dont facilement tirables en un seul coup sans toucher les jaunes. E.J. Harnden place une protection en appui : en cas de tir, la pierre jaune arrière en souffrira automatiquement.
Il est peu vraisemblable que Scott Andrews voulait retirer la garde devant la maison, mais plutôt faire la promotion de la jaune en poussant la rouge vers la gauche. L’affaire se corse.
Le Canada continue sa construction : densifier le centre de la maison. En cas de tir adverse, il en restera forcément quelque chose…
Les britanniques décident de tirer. La pierre jaune arrière, par sa position, est sacrifiée. Le résultat escompté est de conserver la jaune devant, et au pire deux pierres rouges. Las, le tir un un peu trop à gauche projette la première rouge sur la jaune et la chasse. Catastrophe, toutes les rouges restent.
Le Canada continue encore sa densification du centre de la maison. Les 5 pierres marquent. Incroyable.
Nouveau tir britannique. Cette fois, le coup est propre, et il ne reste que 2 pierres rouges dans la maison, mais c’est un peu tard.
Pour se prémunir d’un tir multiple, il faut répartir les pierres dans la maison sur un même plan. Ainsi, avec la dernière pierre, on est sûr de marquer au moins 2 points. Ryan Fry effectue un draw parfait.
David Murdoch, le skip britannique n’a pas d’autre choix que de faire un carreau sur une pierre rouge, en espérant ensuite un loupé de l’adversaire…
Pas de loupé, Brad Jacobs remet en place une pierre rouge dans la maison.
Dernière pierre britannique : il faut limiter la casse en coupant si possible 2 points. La manœuvre de David Murdoch est vraisemblablement de contourner la jaune en avant de la maison, puis de ricocher sur la rouge sur sa gauche ce qui la ramènerait vers le centre de la maison, voire pousser l’autre rouge… Trop compliqué. Mais malgré avoir touché la pierre jaune, la pierre rouge à droite est sortie.
Dernière pierre du end : Brad Jacobs, le skip canadien va au dolly (centre de la maison) et marque ce troisième point synonyme d’or… Avec cette marque de 5-1, il suffira de gérer calmement la fin de rencontre.
Si cela vous a plu, n’hésitez pas à nous le dire…