A Sta Vanger en Norvège, les locaux, vice-champions olympiques, étaient favoris, mais des petits suisses leur ont volé la vedette en reportant 8-6 le championnat d’Europe masculin de curling fin novembre 2013.
Victorieux au round-robin de la France, la République Tchèque, l’Ecosse, la Lettonie, la Russie et le Danemark, mais défaits par la Finlande et la Norvège, les curleurs suisses se sont ensuite hissés en finale au bénéfice d’une victoire contre le Danemark.
La France qui a lancé une nouvelle équipe rajeunie issue de Saint-Gervais, n’a gagné qu’un match, mais contre la Finlande. Pour Frédéric Buttoudin, Rodolphe Vincent, Guillaume Vincent et Joffrey Vincent, le baptême du feu fut des plus difficile. En 9ème position, elle est reclassée dans le groupe B européen.
L’épreuve Dames a été remportée par la Suède qui a disposé de l’Ecosse 10 à 5. Les suissesses sont 3ème.
Pour découvrir ou re-découvrir ce sport, nous vous proposons une analyse du tournant de la finale Hommes (dont le «pierre par pierre» complet est à revivre ici) lors du 8ème end d’une partie qui se joue en 10.
Situation au début du 8ème end
Le score est alors de 4-4 après 3 ends sans scorer. Jusque là, très peu d’erreurs ont été commises. Les 2 équipes sont très proches et se neutralisent. Ce 8ème end est évidemment décisif ou la moindre erreur se paiera cash.
La Norvège avec les pierres jaunes, a le marteau. Il s’agit de marquer au moins 2 points ou refaire un end nul pour conserver l’avantage de la dernière pierre en gardant toujours libre l’accès par le milieu de la maison.
Pour La Suisse, avec les pierres rouge, sa situation est la moins confortable des deux. Il faut dans un premier temps poser des pierres devant la maison, et fermer l’accès au milieu.
Le end détaillé
Placer la souris sur le numéro de la pierre pour avoir l’analyse du coup.

Le lead suisse Simon Gempeler execute un draw sur la ligne de centre , quasi au dolly. En fait, la situation est franchement mauvaise puisque cette pierre, qui n’est plus en Free Guard Zone peut être tirée, donc perdue…
Le norvégien Haavard Vad Peterson ignore la pierre suisse. Il place la sienne devant, et légèrement sur le côté. C’est un manière habituelle de procéder sauf qu’à ce moment de la partie, il aurait certainement été préférable de tirer la pierre rouge. Première erreur ?
Très logiquement, Gempeler place une garde juste devant la maison, afin de protéger sa première pierre. Bien joué.
Le jeu est de venir dans la maison et s’appuyer sur la pierre rouge qui s’y trouve, en passant la par la droite de la garde. Malheureusement, Peterson la touche, ce qui la pousse dans la maison, et laisse la jaune dehors. La situation devient compliquée : leur pierre protège celle de l’adversaire, mais elle reste utile puisque placée juste devant la maison.
Pour empêcher l’utilisation ultérieure de la pierre jaune devant la maison, il est nécessaire de la neutraliser sans perdre sa pierre. Benoit Schwartz place une garde particulièrement utile.
Les norvégiens sentent le danger. Christoffer Svae retire du jeu les 2 pierres rouges par un maitre-tir que seules les finales produisent. Un grand coup.
Il faut replacer impérativement une garde. Schwarz s’y colle et place une pierre quasi identique à la précédente.
Cette garde doit être retirée. Mais Svae prend la pierre rouge du mauvais côté : au lieu de la dégager vers la gauche, elle percute la jaune à droite qui sort du jeu pendant que la rouge va finir sa course en mordant la maison. 2 pierres jaunes perdues au plus mauvais moment…
Pas de question à se poser : il faut placer une nouvelle garde, ce dont se charge Claudio Paetz, le 3ème curleur suisse. Un peu décalé à gauche, son placement n’est pas idéal.
Son homologue norvégien l’a vu. Il y a de la place et c’est le moment. Torger Nergaard tire la pierre rouge et reste en place. L’idéal aurait été, sous l’impact, de de décaler un peu à gauche…
Les suisses n’ont pas le marteau. Ils ferment le milieu, mais doivent aussi occuper la maison. Paetz va donc déloger la pierre norvégienne, tout en restant relativement en place.
Cette pierre rouge dans la maison constitue un formidable appui pour se place au center par ricochet, et se cacher derrière les rouges… Mais Nergaard rate son coup : sa pierre, trop forte, ne reste pas en place. La partie est en train de basculer.
La situation est globalement confortable pour les suisses, mais en curling, rien n’est définitif. Il s’agit maintenant de répartir les pierres pour se prémunir d’un tir avec carreau. Au pire l’adversaire ne marquera qu’1 point et le marteau sera suisse. Mais avant, il faut tenter de se cacher derrière sa garde, ce que réalise parfaitement Sven Michel, le skip suisse.
Il y a trop de pierres dans la maison, et le end ne pourra finir sans marquer. Le skip norvegien Thomas Ulsrud doit obligatoirement venir au point, si possible en s’appuyant sur la pierre rouge. L’alternative est simple : marquer ou laisser l’adversaire avec 1 point, sinon le titre s’envolera. Mais le draw est trop long. Encore une chance de perdue.
Avec la dernière pierre, la Norvège peut encore marquer en faisant un carreau sur la pierre rouge au centre de la maison. Il faut donc absolument la protéger. De surcroît, en plaçant cette garde dans la maison, c’est 4 points potentiels pour la Suisse… Michel le fait, plaçant idéalement sa pierre, rendant le tir adverse totalement impossible.
A ce stade, la Norvège sait que le end est perdu, mais il est possible de limiter la casse. En venant dans le cercle blanc de la maison, les suisses devront de contenter d’un point, ce qui serait un moindre mal et n’hypothèque pas les chances de titre. Surtout qu’il y a de la place à droite. Mais Ulsrud, sous la pression, n’y est pas. Son draw part en fond de maison comme le précédent, et ne coupe qu’un point. 3 points pour la Suisse. La compétition vient vraisemblablement de désigner son lauréat… Les suisses, solides, ne seront plus rejoints.
Si cela vous a plu, n’hésitez pas à nous le dire…